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Les casseroles du gouvernement

19 octobre 2011

Agrocarburants et déforestation : Paris et Bruxelles assument (tous comptes faits)

En Indonésie, la forêt primaire est détruite afin de planter les palmiers destinés notamment à produire des agrocarburants (et du Nutella). [DR]


Le gouvernement Sarkozy vient de doter la France d'un observatoire des agrocarburants. Coïncidence ? Deux semaines plus tôt, l'Agence européenne de l'environnement (AEE) lâchait un cochon dans le maïs : l'hypothèse selon laquelle les carburants d'origine agricole seraient sans dommages pour le climat est tout bonnement « fausse, et aboutit à une sérieuse erreur comptable », selon les dix-neuf membres du comité scientifique de cette agence chargée de conseiller l'Union européenne.

L'AEE reprend les critiques émises depuis longtemps non seulement par les ONG écologistes, mais aussi par les Nations uniesl'OCDE et, en France, par l'Ademe. Le problème est simple. Lorsque les biocarburants remplacent des cultures destinées à l'alimentation, de deux choses l'une : soit ces dernières ne sont pas remplacées et « cela peut conduire à plus de faim », soit elles sont remplacées, et « cela conduit à plus d'émissions » de gaz à effet de serre, à cause de la déforestation et du défrichage. D'après l'AEE, les multiples politiques de l'Europe en faveur des agrocarburants pourraient « aboutir à une augmentation des émissions, et donc accélérer le réchauffement planétaire ».

Ça alors ! A moi, esprit du Grenelle : ni une ni deux, le gouvernement de la France, n°1 des agrocarburants en Europe et quatrième producteur mondial (mais attention, sans OGM !), nous sort opportunément du chapeau un observatoire des agrocarburants chargé, manifestement, de défendre leur culture. De fait, le président de cet observatoire, Pierre-Franck Chevet, directeur général de l'énergie au ministère de l'écologie,chapitre :

« Dans un contexte de risque de réchauffement climatique lié aux émissions de gaz à effet de serre, d’augmentation des prix du pétrole, de préoccupations sur la sécurité des approvisionnements en énergie [tiens, tiens], les biocarburants constituent une ressource énergétique alternative et renouvelable, essentielle pour décarboner le secteurs de transports [décarboner ?! Mais enfin Pierre-Franck, on vient justement de dire que...]. La France est l’un des pays européens où les biocarburants sont les plus développés et le déploiement d’exigences en matière de durabilité permettra de poursuivre dans cette dynamique(...) C’est une filière d’avenir et une opportunité de développement pour les industriels [yes, man]. » 

Les agrocarburants, qui constituent 7 % des carburants que les Français consument, « apporteront la contribution la plus importante » au plan de développement des énergies renouvelables que Paris s'est fixé jusqu'à 2020, insiste le gouvernement dans son communiqué.

L'observatoire des agrocarburants se réunira deux fois l'an. Selon le principe du Grenelle de l'environnement, il réunira « les producteurs de biocarburants et autres énergies renouvelables utilisées dans les transports, les opérateurs qui commercialisent les carburants traditionnels et alternatifs, les constructeurs de véhicules routiers et non routiers, les associations de consommateurs et [sic] de défense de l'environnement ».

Aux Etats-Unis, où 40 % des récoltes de maïs finissent déjà dans les réservoirs, le New York Times observe :

« Des intérêts puissants sont en jeu, tels que ceux des semenciers et des cultivateurs d'agrocarburants en Allemagne et en France et d'huile de palme en Malaisie et en Indonésie. Les agrocarburants fournissent déjà environ 4 % des carburants en Europe, avec un chiffre d'affaires annuel de 17 milliards de dollars [12 G€]. »

Selon la transcription d'une réunion la commission européenne sur les agrocarburants tenue en juillet, il faut « défendre les espoirs légitimes de l'agriculture de l'UE » et « éviter des problèmes avec les principaux partenaires commerciaux » de l'Europe. 

Chronique d'un désastre plus qu'annoncé ? Le New York Times précise :

« Les commissaires européens ont également discuté de la possibilité d'attendre jusqu'à sept ans avant de pénaliser les cultivateurs des carburants qui ont les plus grands impacts sur l'alimentation et sur la déforestation »...

On résume : les agrocarburants sont au cœur de la stratégie climatique européenne, alors même que tout le monde dit qu'ils risquent d'aggraver le réchauffement. Tout le monde le dit, sauf les agro-industriels qui gagnent leur pain avec les agrocarburants, et les représentants politiques qui les défendent à Paris et à Bruxelles, mais qui savent déjà qu'il faudra les sanctionner un jour ou l'autre (plutôt l'autre) !

Après le financement d'élus américains climatosceptiques par des industriels européens tels que GDF-Suez ou Lafarge, voilà encore un beau scandale potentiel en train de ne pas faire la moindre vaguelette.

Bof, après tout, c'est bien la Pologne qui conduit les négociations internationales de l'UE sur le climat en ce moment, en assumant la présidence tournante de l'Europe. Négociations qui, comme chacun sait, avancent à grands pas. La Pologne produit 95 % de son électricité avec du charbon sale. Elle a déjà lancé quatre-vingt-dix projets d'extractions de gaz de schiste. Son premier ministre juge qu'aucune régulation nouvelle « n'est nécessaire » pour encadrer ces gaz de schiste.

Les climatosceptiques sont en train de gagner, se lamente pendant ce temps le climatologue américain James Hansen, père de la lutte contre le réchauffement.

L'Agence européenne de l'environnement, toujours elle, vient de faire savoir (hourra !) que les émissions annuelles de gaz à effet de serre de l'Europe sont en recul de 10,7 % par rapport à 1990. Comment ? Grâce, nous dit l'AEE, et par ordre d'importance, « à la transition du charbon vers le gaz naturel » (qui émet un peu moins de gaz carbonique), et « à la forte croissance de la production d'énergie renouvelable »... croissance dans laquelle les agrocarburants jouent très souvent, comme dans le cas de la France, le rôle principal. Un rôle surévalué, donc, confer « l'erreur comptable » désormais dénoncée par le comité scientifique de cette même Agence européenne de l'environnement.

A tout prendre, une baisse 10,7 %, c'est pas si mal de la part de la seule entité mondiale qui prétend mettre en œuvre une politique sérieuse de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre. Sauf que jusqu'ici, cette baisse est due pour l'essentiel à la crise économique qui frappe l'Europe depuis 2007-2008, et aux délocalisations industrielles menées depuis une génération (la fameuse « dette carbone » que nous réclame maintenant les économies émergentes).

Ce matin à la radio, Rosny-sous-Bois annonçait près de 250 km de ralentissements-autour-de-la-capitale. Cocorico, on bat des records. Outre-Manche, le gouvernement britannique veut relancer la croissance en augmentant la vitesse autorisée sur autoroute. Yes, men !

 

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19 octobre 2011

Mythes et contre-vérités à la convention UMP sur le PS

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Dans son message introductif, mardi, Jean-François Copé avait promis une analyse «sans caricature»: «Il y a une exigence, que demandent tous les jours les Français : c'est de dire la vérité. La vérité sur les faits, les chiffres, et les enjeux.» Les deux heures de cette convention UMP intitulée «Le projet socialiste à la loupe: le grand malentendu» ont pourtant  pris un certain nombre de libertés avec la vérité et la précision, au fil des interventions de deux minutes de ministres et de députés. Exagérant un certain nombre de chiffres, les intervenants ont également enrichi le projet du PS de mesures n'y figurant pas, et attribué au vainqueur de la primaire François Hollande des propositions émanant d'autres candidats... Florilège des plus beaux bobards, dans l'ordre des interventions.

«On sait très bien que la grande majorité de ces emplois jeunes, d’avenir, appelons les comme on veut, repartent au chômage...»

Samia Soultani, secrétaire nationale UMP en charge de l’enseignement technique supérieur, à propos de la proposition de créer 300 000 emplois jeunes.

La droite s’est toujours fait un plaisir de cogner sur les emplois jeunes. Et ce n’est pas dans le cadre d’une convention dédiée à débiner le PS que l’UMP allait se priver.  Problème, cette proposition de créer 300000 emplois d'avenir a été surtout défendue par Martine Aubry, François Hollande lui ayant préféré ses contrats de génération. Par ailleurs, l’argument utilisé selon lequel les emplois jeunes sont des passeports pour le chômage n'est guère étayé. Selon une étude des services de statistiques du ministère du Travail (Dares) publiée en 2006, les emplois jeunes de l'ère Jospin ont permis à leurs bénéficiaires de s'insérer durablement sur le marché du travail. «Dans le mois qui a suivi la sortie de l’emploi-jeune, 74 % des jeunes occupaient un emploi et 54 % étaient en CDI (y compris sur un poste prolongé). Un an et demi plus tard, 85 % des jeunes travaillaient et 72 % étaient en CDI, y compris sur un poste prolongé (graphique 1). 17,4 % des jeunes étaient au chômage à la sortie du programme et 10,6 % l’étaient dix-huit mois plus tard».

«[Les contrats de génération], c'est une proposition qui coûte en 40 et 50 000 euros par an et par contrat.»

Nathalie Fanfant, secrétaire nationale de l'UMP en charge de la lutte contre les discriminations

Le chiffrage est inexact. Il résulte d’une division du coût estimé du dispositif (8 milliards) par le nombre de contrats (200000) que Hollande souhaite mettre en place chaque année. L'opération est mal posée. Car le montant de 8 milliards porte sur le nombre de contrats auquel Hollande souhaite arriver en rythme de croisière  (500000). Selon le chiffrage du staff du candidat socialiste, le coût annuel de chaque contrat est de l’ordre de 16 000 euros.

«La sécurité était absente pendant les débats, et pourtant, les propositions socialistes existent, elles ont été rédigées, elles ont été éditées sous la forme d'un petit livre rouge qui porte bien sa couleur. Ces propositions, elles ont été cachées par François Hollande... La recette, c'est cette belle police de proximité. Cette fois ci elle n'échouera pas, parce que grâce à la légalisation des stupéfiants, les dealers seront devenus d'aimables commerçants auxquels les policiers rendront des visites de courtoisie.»

Bruno Beschizza, conseiller régional d'Ile-de-France et secrétaire national de l'UMP à l'emploi des forces de sécurité

L’ex-commandant de police se rend coupable d’une double malhonnêteté : primo, il présente les mesures choc préconisées par Jean-Jacques Urvoas dans un ouvrage récent comme des mesures cachées de François Hollande. Quoique émises par le secrétaire national à la sécurité, ces propositions ne figurent pas dans le projet socialiste. Deuxio, il laisse à penser que le projet socialiste vise à légaliser les stupéfiants. S’il y a effectivement eu un débat sur le sujet lors des primaires, la légalisation du cannabis (et non des stupéfiants en général) était prônée par le seul Jean-Michel Baylet, qui n’engage pas réellement le projet socialiste. Martine Aubry était favorable à la dépénalisation de l’usage pour les petits consommateurs. François Hollande ne s’est à aucun moment prononcé pour cette option. Voilà ce qu'il déclarait lors d'un débat télévisé dans le cadre de la primaire :  « Notre législation est-elle adaptée ? Non. Faudra-t-il en changer ? Oui. Faudra-t-il maintenir l’interdit ? Je l’affirme. Est-ce qu’il faudra envoyer en prison ceux qui fument du cannabis ? Personne ne peut l’imaginer. Il faut les soigner, les accompagner, les punir. L’interdit, cela existe. Il ne faut pas laisser s’installer l’idée que tout est permis ». C’est assez loin d’une légalisation.

«Le PS veut diminuer le nombre de places de prisons. Ils veulent installer un numérus clausus. Quand on a atteint le nombre, il faut faire sortir un délinquant pour en faire entrer un autre.»

Sébastien Huygues, député du Nord

Encore une fois, le projet du PS ne prévoit pas de diminuer le nombre de places de prisons. Même si cela fait longtemps que l’UMP affirme l’inverse. Jean-François Copé s’était déjà fendu d’un communiqué sur le sujet  le 16 mars. Mieux, dans les toujours très folkloriquesargumentaires flash (p.4) envoyés par l'UMP à ses militants, on pouvait lire dernièrement que le PS souhaitait s'il revenait au pouvoir supprimer 20 000 places et donc libérer 20000 détenus. Le très sécuritaire député Eric Ciotti a repris cet argument plus récemment. En fait, l’UMP fait référence à un débat tenu le 1er mars, auquel participait Marylise Lebranchu. Selon une dépêche de l’Agence d’informations spécialisées sécurité globale (AISG), l’ancienne garde des Sceaux y avait estimé qu’il «faudrait fixer le nombre maximum de places à 43 000, faire que la privation de liberté soit l’ultime recours, et développer d’autres types de sanctions». Mais voilà, cette mesure n’est pas reprise telle quelle dans le projet du PS pour 2012. Dans sa plateforme (p.47), le Parti socialiste n’émet aucun objectif chiffré de places de détention. Il se contente de prôner le développement «de sanctions diversifiées» pour éviter que l’emprisonnement soit «la peine ultime […] et non la règle».

Il en va exactement de même pour le numerus clausus. C’est une proposition du député socialiste Dominique Raimbourg (Loire-Atlantique). Elle n’est reprise nulle part dans le projet.


« Les allègements Fillon, si on passe de 1,6 à1,4 SMIC, c'est 800 000 emplois derrière qui sont menacés directement, dans la seconde.»

François Baroin, ministre de l'Economie

Le projet du PS ne prévoit pas de supprimer les allègements Fillon (exonérations de cotisations sur les bas salaires). Dans le cadre du contrat de génération, Hollande a expliqué qu’il faudrait les enlever aux entreprises de plus de 50 salariés. Par ailleurs, Baroin chiffre à 800 000 le nombre d’emplois menacés si l’on décidait d’exonérer les emplois uniquement jusqu’à 1,4 SMIC et non plus 1,6. Outre le fait que Hollande ne propose absolument pas cette restriction des exonérations, le chiffre de 800000 emplois détruits est généralement avancé pour la suppression globale des allègements de cotisations (de 1 à 1,6 Smic).


«Nous avons fait quoi? Nous avons aidé les plus fragiles. C'est le RSA, c'est la réforme des retraites, c'est les 25% d'augmentation du minimum vieillesse, etc. etc.»

Marc-Philippe Daubresse, secrétaire général adjoint de l'UMP

Si on peut sans problème concéder que le RSA ou l’augmentation du minimum vieillesse ont amélioré le sort des plus démunis, il est difficile d’en dire autant pour la réforme des retraites. En effet, à considérer que les plus fragiles sont ceux qui ont commencé à travailler le plus tôt dans les métiers les plus difficiles... c’est sur certains d’entre eux que reposent les économies réalisés par la réforme des retraites. C’est le cas des salariés ayant commencé à travailler à 18 ans et qui devront cotiser 44 ans avant de pouvoir partir. De même, le report progressif à 67 ans de l’âge d’obtention du taux plein pénalise les carrières hachées ou les parcours professionnels difficiles.

«Nous avons voté ce texte du service minimum qui dit la chose suivante : le droit de grève est constitutionnel, c'est vrai. Si vous faites grève vous ne travaillez pas. Si vous ne travaillez pas, vous n'êtes pas payés. Voilà ce qu'il y a dans la loi de la république. Cela fait des années que vous le demandiez. C'est la valeur travail.»

Xavier Bertrand, ministre de l'Emploi et de la Santé

C’est là une vieille intox de la droite, qui a souvent essayé de faire croire que le non paiement des jours de grève était une des nouveautés de la loi sur le service minimum. C’est tout à fait inexact. Même si le texte de loi, dans son article 9,  réaffirmait - de manière parfaitement inutile-  le principe du non paiement des jours de grève.


«Si on revenait à 60 ans, cela coûterait en cumulé jusqu'à fin 2017 87 milliards d'euros.»

Eric Woerth, député de l'Oise

Le PS est assurément flou sur son retour sur la réforme des retraites de novembre 2010. S'il est bien question de rétablir l'âge légal de départ à la retraite à 60 ans, l’équipe de François Hollande se refuse à avancer un chiffrage, expliquant que la mise à plat de la réforme en 2013, susceptible de modifier l'ensemble des paramètres, rend impossible tout calcul précis pour l'avenir. Mais même en considérant que le PS va se borner à défaire ce que le gouvernement a fait avec sa réforme des retraites de novembre 2010,  le chiffrage avancé par Woerth semble très excessif. En effet, les économies liées aux mesures d’âge (passage de 60 à 62 ans de l’âge légal et de 65 à 67 ans de l’âge du taux plein), qui vont croissantes au fil des années, ont été chiffrées comme suit  par le gouvernement : environ 1,7 milliard en 2011, 9,5 milliards en 2015, et 18,6 milliards en 2018. Les chiffrages pour les années intermédiaires (2012, 2013, 2014 2016 et 2017) n’ont pas été communiqués. Mais même en retenant les hypothèses (forcément trop hautes)  selon lesquelles le gain serait de 9,5 milliards d’euros en 2012, 2013, 2014 puis de 18,6 milliards en 2016 et 2017, on arrive à un montant de 63 milliards d'euros environ.

«130 000 enfants handicapés scolarisés au début du mandat de Nicolas Sarkozy, 210 000 maintenant.»

Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités

Bachelot exagère un peu en mettant à l’actif du quinquennat Nicolas Sarkozy une partie de l’œuvre accomplie avant son élection. Roselyne Bachelot affirme que depuis 2007 le nombre d’enfants scolarisés «en milieu ordinaire» (c’est-à-dire accueillis dans des établissements scolaires de l’Education nationale et non des centres hospitaliers ou médicosociaux) est passé de 130000 à 210000 aujourd’hui. En fait, quand Nicolas Sarkozy a été élu en mai 2007, leur nombre avoisinait les 160000. Le chiffre de 130000 cité par Bachelot correspond au niveau de la rentrée 2004, avant la loi sur le handicap de février 2005 qui oblige l’Etat à mettre en œuvre les moyens financiers et humains «nécessaires à la scolarisation en milieu ordinaire des enfants, adolescents ou adultes handicapés». Et qui ne doit rien à Sarkozy.

« Pendant la crise, ce que nous avons essayé de faire, ce que nous avons proposé aux Français, c’est de réduire l’endettement public tout en maintenant le pouvoir d’achat des Français. »

Valérie Rosso-Debord, députée UMP de Meurthe-et-Moselle, animatrice de la convention d'hier.

La réduction de l’endettement public est resté à l’état de proposition : la dette publique est passée de 2007 à 2010 de 1210 milliards à 1590 milliards, soit de 64,2% du PIB à 82,3%. A la fin du deuxième trimestre 2011, elle s’établit à 1 692,7 milliards soit 86,2 % du PIB, en augmentation de 1,7 point par rapport au trimestre précédent. Si la crise est passée par là, l'aggravation des déficits (et donc de la dette) est aussi une conséquence de la politique du gouvernement, notamment en matière fiscale, comme n'a cessé de le déplorer la Cour des comptes dans ses derniers rapports annuels.

Un peu plus tard, la même députée a ajouté, un oeil sur l'écran où s'additionnait le coût des mesures socialistes : « On est déjà à 68 milliards, comme on n’est pas de mauvaise foi, on leur rajoute pas le coût des 50 milliards d’euros de niches fiscales, parce que c’est très flou »... Il est effectivement préférable de ne pas rajouter le coût de 50 milliards de niches fiscales que le PS entend... raboter, voire supprimer, et qui n'ont donc rien à voir avec des dépenses puisque ce sera des recettes.



« [Sur les sans papiers, ] n’oubliez pas que les socialistes devront passer des compromis avec madame Joly et monsieur Mélenchon. C’est à dire avec toutes les passerelles de recyclage de l’extrême gauche qui se retrouveront derrière monsieur Hollande. Ça veut dire très clairement, quand on regarde les programmes de ces mouvements, c’est la régularisation systématique des sans papiers qui est réclamée. Nous on ne demande absolument pas les régularisations systématiques, ce que nous faisons c’est au cas par cas. »

Thierry Mariani, ministre des Transports

Là ce ne sont même plus les programmes des battus de la primaire qui sont convoqués mais bien ceux des potentiels alliés de la gauche. Thierry Mariani a dû trouver le programme du PS trop tiède à son goût... puisqu’il ne propose pas de régularisation systématique: « Nous proposerons un processus de régularisation pour les travailleurs étrangers et les parents d’enfants scolarisés sur la base de critères clairs et transparents et s’appliquant à tous de manière égale sur le territoire national. » Une formulation reprise par François Hollande qui a lui aussi évoqué des régularisations en fonction de critères, au cas par cas.

 « Ce qui est inacceptable, c’est que (l’allocation autonomie pour les étudiants) viendrait à supprimer les bourses attribuées sur critères sociaux. Aujourd’hui, on se trouve dans un système où moi qui travaillais pendant mes études, je me retrouverai pénalisée, je n’aurai pas accès à cette allocation d’autonomie, parce qu’en fait, François Hollande qui était lui fils de médecin, l’aurait eu parce qu’il ne travaillait pas pendant ses études. On se trouve dans la situation paradoxale où les filles et fils de se trouvent aidés, et les enfants de classe modeste, eux qui travaillent pour payer leurs études se verraient exclus parce qu’on tiendrait compte de leur revenu. On ne tient pas compte du revenu des parents mais des revenus de l’étudiant. »

Jeannette Bougrab, secrétaire d’Etat à la Jeunesse

Jeannette Bougrab a semble-t-il plus d'informations sur la mesure que le programme du PS, qui ne rentre pas dans le détail, prévoyant de créer : « une allocation d’études pour les jeunes en formation. Regroupant l’ensemble des aides existantes (aides au logement, bourses sur critères sociaux…), elle permettra aux jeunes de réussir leurs études. Elle sera placée sous conditions de ressources. » Mais la philosophie du projet visant justement à en finir avec le salariat étudiant, ainsi que l’explique le Mouvement de jeunes socialistes, on voit mal la logique évoquée par Jeannette Bougrab mise en oeuvre. Dans le projet défendu par le MJS, l’allocation « sera individualisée en fonction des revenus du bénéficiaire qui disposera de sa propre feuille d’impôt dès 18 ans ce qui permettra de déterminer, en fonction de ses ressources, le montant de l’allocation. Elle sera aussi modulée en fonction du lieu d’habitation de chacun que ce soit chez ses parents ou dans le parc locatif. » Sur ce principe, les transferts venant de la famille devraient être intégrés.

 

«Ce qui m’énerve c’est que les deux propositions majeures du PS en matière culturelle : augmenter le budget de 50% et supprimer la licence globale, c’est à la fois démagogique et irréaliste. La licence globale, c’est un euro par mois et vous avez accès à toute la culture sur internet. c’est impossible et irréaliste. […] La ligne de François Hollande, c’est indécision est ambiguïté.»

Franck Riester, député de Seine-et-Marne

Mettons sur le compte de la pression la confusion faite entre licence globale et Hadopi (le PS pourrait difficilement supprimer une licence globale qui n’existe pas). Convenons avec Franck Riester que le candidat Hollande a été plutôt flou sur la suppression d’Hadopi... et ajoutons même qu’il s’est plutôt prononcé contre la licence globale: «Pour la loi Hadopi, il faut remettre l’ouvrage sur le métier et arrêter d’opposer les utilisateurs et les créateurs, disait-il à Libération. Il faut dépénaliser le téléchargement, mais on ne peut pas s’en tenir à des solutions faciles, comme le fait de payer deux euros par mois pour une licence globale. » Quant à la hausse du budget de la culture, qui était défendue par Martine Aubry, elle n’avait pas été reprise par François Hollande :  « Il faut faire attention de dire la vérité sur l’état de nos comptes publics et je ne tomberai pas dans une espèce d’échelle du perroquet où on va proposer plus», avait-il au contraire réagi.

« Vous sommes pour la liberté d’installation. Commencez à y toucher, et vous n’aurez pas le nombre d’étudiants suffisant pour faire médecine. [Supprimer la liberté d’installation des médecins ] c’est une idée particulièrement dangereuse ».

Xavier Bertrand, ministre de l'Emploi et de la Santé

Là encore, l’UMP exagère une position PS et fait mine de ne pas s’être rendu compte que François Hollande avait été désigné. Le programme PS est beaucoup moins directif sur la question:  «Nous mettrons en place une régulation de l’installation des médecins, en demandant notamment aux jeunes médecins d’exercer dans une zone de santé prioritaire pendant les premières années à la sortie des études. Si nous sommes clairs sur l’engagement que nous prenons envers les Français, nous sommes ouverts sur la méthode, que nous définirons en concertation avec les professionnels et les élus locaux. » François Hollande, lui, a plusieurs fois répété qu’il ne croyait pas à l’efficacité de l’obligation d’installation, envisageant plutôt d’ « interdire certaines installations» dans certaines zones.

« La santé, c’est une richesse par ce formidable maillage que nous avons avec l’ensemble des professionnels de santé, médecins, paramédicaux et tous ceux qui travaillent dans le domaine de la santé. Il y en a beaucoup plus que ceux qui se sont déplacés dimanche, entre parenthèse, et ils produisent beaucoup plus de richesses. »

Valérie Boyer, députée des Bouches-du-Rhône

Même en admettant l’étrange présupposé de Valérie Boyer qui semble penser qu’aucun professionnel de santé ne s’est déplacé pour voter à la primaire dimanche, le compte n’y est pas. Selon les données 2010 (Irdes, Insee), la France compte un peu plus d’1 million de “professionnels de santé” (en comptant les médecins, dentistes, les pharmaciens, les infirmiers, les pédicures... Si on prend l’ensemble du secteur (en ajoutant les aide-soignants...), on arrive à 1,85 million (chiffre 2005). Dimanche, 2,86 millions de personnes sont allées voter à la primaire socialiste.

«Le PS propose de fermer les frontières, que deviennent les 1 Français sur 4 qui vivent de l'exportation. [...] Au dernier salon du Bourget, le plus gros contrat qu’a pris Airbus, c’est un contrat de 15 milliards d’euros et c’était avec un Indien. 70% du marché de l’aéronautique, aujourd’hui, il est en Inde. »

Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'Ecologie

Le PS favorable à une fermeture des frontières... C’est au moins un très gros raccourci... Non seulement, l’idée de démondialisation a été proposée par le seul Arnaud Montebourg... Mais surtout, elle ne visait en aucun cas à fermer les frontières. Quant à la position de François Hollande, il ne reprend en rien le projet de démondialisation de Montebourg, plaidant pour davantage de règles. «Je suis pour l'économie ouverte, mais pas pour l'économie offerte. On ne va pas se donner là à des concurrents qui ne respectent rien», expliquait-il la semaine dernière, ajoutant : «Je n'ai jamais été pour le protectionnisme mais je suis pour une stratégie offensive.»

Quant au dossier aéronautique, la compagnie low cost indienne IndiGo a effectivement signé en juin une commande ferme très importante pour 150 Airbus A320 Neo et 30 A320, pour un prix catalogue de plus de 15 milliards de dollars (environ 11 milliards d’euros). Mais si le potentiel de croissance indien est réel, en raison d’un boom du trafic intérieur attendu, y placer 70% du marché aéronautique est un peu rapide. Lisons ce qu’écrit Airbus dans sa dernière “prévisions globales de marché” (septembre 2011): « Du point de vue géographique, la région Asie-Pacifique représentera environ 34 pour cent de la demande au cours des 20 prochaines années, suivie de l’Europe (22 pour cent) et de l’Amérique du Nord (22 pour cent). En termes de part du trafic passagers, l’Asie-Pacifique arrivera en tête avec 33 pour cent, suivie de l’Europe (23 pour cent) et de l’Amérique du Nord (20 pour cent). »

19 octobre 2011

A la convention de l'UMP, petites erreurs et grosses exagérations sur le projet du PS

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Jean-François Copé avait promis une convention en forme de riposte argumentée à la primaire socialiste, "sans caricature". Perturbée par la réussite de l'exercice de son élection interne par le PS, l'UMP avait décidé de l'organisation d'une convention en forme d'émission télévisée de deux heures, au cours de laquelle le parti présidentiel s'est livré à une "estimation chiffrée parfaitement démontrée des principales propositions" du PS, sans "caricature" ni "exagération".

Tout au long de la convention UMP, un compteur rappelant celui du Téléthon, mais destiné à matérialiser les hausses de dépenses socialistes, n'a cessé de grimper. Erreurs, exagérations et contre-vérités chiffrées ont abondé durant les deux heures de l'exercice, et permis à l'UMP de faire grimper le compteur jusqu'à la somme de"255 milliards d'euros" de dépenses supplémentaires sur cinq ans si le programme du PS était appliqué, soit le double du chiffrage effectuée par les socialistes (25 milliards par an, qu'ils assurent pouvoir financer en revenant sur des mesures fiscales prises par la droite).

 Voici quelques erreurs factuelles, imprécisions et exagérations relevées durant cet exercice de reconquête lancé par le parti majoritaire.

Le projet socialiste est pris comme bloc alors qu'il est envisagé comme un socle.

Le parti présidentiel prend le programme socialiste comme un tout, et y rajoute les propositions des candidats. Or le PS a toujours dit que le programme était une base commune, dans laquelle le candidat élu à l'issue de la primaire devraitdiscerner des priorités. "Je me reconnais dans les propositions qui sont faites, même si ce sera au candidat de faire à la fois l'ordre des priorités, de donner le thème principal de la campagne et de compléter éventuellement les propositions, voire d'en écarter certaines"notait ainsi François Hollande le 5 avril sur France Inter.

Des propositions additionnées alors qu'elles sont alternatives l'une à l'autre.

L'UMP a volontairement délaissé toutes les déclarations faites pendant la primaire pour faire monter son compteur. C'est ainsi que le parti présidentiel additionne le coût des "300 000 emplois d'avenir", qu'il chiffre à vingt milliards d'euros sur cinq ans, et celui du "contrat de génération" de François Hollande (40 milliards sur cinq ans). Or la proposition de M. Hollande, qui ne figure pas dans le programme du PS, a été émise comme une alternative aux "emplois d'avenir", à propos desquels il s'est toujours montré sceptique, et qu'il compte réserver aux jeunes sans qualification. Martine Aubry et François Hollande se sont d'ailleurs opposés publiquement sur la question lors des débats. De plus, le député de Corrèze a réagi aux critiques de son dispositif en conditionnant sa mise en place à des discussions avec les partenaires sociaux. Le chiffre de 40 milliards sur cinq ans est donc valable une fois le dispositif à pleine charges, ce qui dépend du nombre d'entreprises qui souhaiteront y souscrire.

Allocation d'autonomie : les précisions de François Hollande ignorées.

L'UMP évoque également l'allocation d'études que promet le projet socialiste, en la chiffrant à 60 milliards d'euros. Pour ce faire, le parti présidentiel s'appuie sur unrapport (PDF) de la fondation Terra Nova, "think tank" proche du PS qui est à l'origine de cette proposition, présente dans le projet socialiste.

La fondation chiffre le coût de l'allocation à 10 à 12 milliards annuels, soit effectivement 50 à 60 milliards en cinq ans. Mais elle précise aussi commentrécupérer une partie de ces besoins, notamment en récupérant les 2 milliards d'euros attribués aux bourses universitaires, ou encore en triplant les frais d'inscription à l'université (1 milliard d'euros selon ses calculs).

Surtout, l'UMP oublie que François Hollande s'est montré très sceptique sur cette proposition. Le député de Corrèze précisé en avril que "l'état de nos finances publiques ne nous permet pas de financer une telle mesure à moins de renoncer à la réduction de la dette". Dans son programme, il précise qu'elle sera "sous condition de ressources" et que ses bénéficiaires devront en contrepartie effectuerdu tutorat.

Retraites : un chiffre mystérieux.

Dans son chiffrage, l'UMP estime à 87 milliards d'euros sur cinq ans le coût de la réforme des retraites promise par le PS, soit un surcoût de 17,4 milliards par an. Or, s'il est vrai que le PS s'est montré ambigü sur la réforme qu'il propose, le chiffre avancé par l'UMP paraît colossal au regard de celle-ci : le PS envisage en effet de rétablir la borne d'âge de 60 ans pour le départ en retraite et de 65 ans pour le taux plein, mais en maintenant une durée de cotisation de 41,5 ans. François Hollande envisage surtout de réformer intégralement le système de retraites.

L'UMP ne précise pas d'où provient ce chiffre de 87 milliards. Il paraît étonnant, notamment car il est très complexe de prévoir le coût des retraites tant celui-ci dépend de variables multiples : taux de chômage, espérance de vie, croissance, rentrées fiscales... Mais surtout, comme le note l'Express.fr, il est en décalage avec les prévisions : la caisse nationale d'assurance vieillesse a récemment évoqué l'impact de la réforme de 2010 à environ 6 milliards d'économies par an en 2018, soit, en comptant très large, 30 milliards sur cinq ans. Difficile d'imaginerqu'un retour sur cette réforme côute quasiment trois fois plus cher que les économies qu'elle génère.

Du reste, l'UMP ne semble pas au clair sur son calcul : comme le note le jdd.fr, Eric Woerth évoquait mardi sur i-Télé un surcoût de 22 milliards d'euros en 2018 si le PS était au pouvoir, contre 87 milliards avancés lors de la convention.

Attaque sur le budget de la culture, une proposition de Martine Aubry.

Questionné par le journaliste Nicolas Rossignol, monsieur loyal de cette convention UMP, Franck Riester, député UMP et rapporteur des lois Hadopi, répond : "Ce qui m'énerve, c'est que les deux propositions majeures en matière culturelle,augmenter le budget de la culture et supprimer la licence globale, c'est à la fois démagogique et irréaliste".

Premièrement, M. Riester commet un lapsus en parlant d'une éventuelle suppression de la "licence globale". Cette dernière n'existe pas et le gouvernement actuel s'est toujours prononcé contre. Le projet du PS évoque en effet "de nouvelles sources de financement de la création numérique" grâce "à de nouvelles contributions partagées". Mais François Hollande a indiqué qu'il ne comptait pasreprendre cette proposition à son compte. M. Riester devait vouloir évoquer la suppression de la loi Hadopi, dont il était le rapporteur. La suppression de la loi Hadopi figure effectivement dans le programme du Parti socialiste, mais François Hollande a changé plusieurs fois de version à ce sujet, préférant une position moins radicale que celle du PS.

Ensuite, M. Riester plaisante sur l'augmentation du budget de la culture, se demandant pourquoi le PS ne proposait pas une augmentation de 100 % voire de 150 % du budget du ministère. Dans son programme, la candidate Martine Aubry proposait d'augmenter le budget de la culture de "30 à 50 % en cinq ans". Une proposition dont s'était démarqué le vainqueur de la primaire. "Il faut dire la vérité sur l'état de nos comptes et en même temps dire que la culture sera une de nos priorités mais une priorité qui n'appartient pas au seul ministère de la culture", avait-il déclaré, le 17 juillet.

 

La convention de l'UMP, le 18 octobre, était destinée à démonter le programme du parti socialiste pour l'élection présidentielle de 2012.

La convention de l'UMP, le 18 octobre, était destinée à démonter le programme du parti socialiste pour l'élection présidentielle de 2012.AFP/ALEXANDER KLEIN

 

Des mesures qui ne figurent pas dans le projet du Parti socialiste.

Sur la sécurité, un thème sur lequel l'UMP accuse volontiers le PS de laxisme, le député du Nord Sébastien Huygue a raillé le programme socialiste quant aux prisons. "Ils veulent imposer un numerus clausus dans les prisons. Pour qu'un délinquant entre, il faudra qu'un autre sorte", a déploré M. Huygue.

Une proposition de loi avait été faite en ce sens à l'automne 2010 par le député socialiste Dominique Raimbourg. Le groupe SRC – et François Hollande – s'étaitprononcé pour, mais le texte a été écarté à l'Assemblée nationale. En revanche, un telle notion ne figure pas dans le projet de François Hollande, ni dans celui du PS. Ce dernier précise seulement que l'Etat devra engager une réflexion sur le "recours systématique à l'emprisonnement, sans considération de la gravité relative des faits".

Sur le même thème, le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, a de nouveau insisté sur l'antienne de l'augmentation de la délinquance sous le dernier gouvernement de gauche et sa supposée baisse une fois l'UMP revenue aux affaires. De l'avis des chercheurs, les données sur l'évolution de la délinquance sont difficiles à analyser. Et les politiques –  notamment Claude Guéant – les utilisent volontiers pour étayerleurs propos et pas toujours à bon escient.

Fabienne Lebrette-Ménager, secrétaire nationale de l'UMP sur la consommation, est intervenue sur le pouvoir d'achat. Elle a fait un parallèle entre le cannabis et la hausse de la TVA dans la restauration : "Ce qui ne me plaît pas c'est que le Parti socialiste veut dépénaliser en matière de consommation le cannabis et pénaliser le consommateur." Cependant, la question du cannabis ne figure pas dans le projet du PS. La dépénalisation a été évoquée par Martine Aubry et la légalisation parJean-Michel Baylet. François Hollande était beaucoup plus mesuré et refusait la dépénalisation.

Un peu plus tard, Nora Berra revient sur la question. Elle confirme la position de l'UMP, c'est à dire l'interdiction du cannabis, qui, selon elle, porte des résultats. Ainsi, elle cite une étude qui dit que 50% des adolescents de plus de 17 ans ne touchent pas au cannabis car c'est interdit, ce qui justifie l'interdiction à ses yeux. En réalité, il est surtout intéressant de noter que 50 % des adolescents de 17 ans déclarent avoir déjà consommé du cannabis au cours de leur vie.

Apprentissage et quotient familial.

Très en verve, Nadine Morano a affirmé que le mot "apprentissage" ne figurait pas dans le projet PS. Pourtant, il y figure à sept reprises. Une seule mention cependant concerne l'apprentissage dont la ministre est responsable : "Toutes les formes d'alternance éducative (sous statut scolaire, en apprentissage ou en contrat de professionnalisation) seront encouragées." Ce qui la contredit sur le fait qu'il était le grand oublié du projet.

D'autre part, le PS a été accusé de vouloir "supprimer le quotient familial" dans son programme, alors qu'il n'en fait pas mention – c'est une proposition de l'économisteThomas Piketty, proche du PS, dans son livre Pour une révolution fiscale.

La place des enfants handicapés à l'école.

Avec une indignation rappelant celle de Ségolène Royal sur le même sujet lors du débat d'entre-deux tours en 2007, Marie-Anne Montchamp revient sur une phrase du candidat du Parti socialiste qui aurait dit que l'enfant handicapé était maltraité dans l'école de la République. "J'en ai gros sur le cœur" dit-elle, accusant François Hollande de démagogie.

Elle explique que le gouvernement, et notamment Luc Chatel, ministe de l'éducation nationale, a fait la preuve de son engagement sur cette question. Maisun rapport de mai 2011 du sénateur UMP Paul Blanc exposait que "l'école peine aujourd'hui à répondre de manière pertinente aux besoins des enfants handicapés".

Le coût d'une éventuelle sortie du nucléaire.

Fervent défenseur de l'énergie nucléaire, Eric Besson a assuré que la France devrait débourser 750 milliards d'euros pour abandonner l'atome. Sans trop s'avancer, il souhaite un "débat national sur la transition énergétique". "Nous mettrons en place un moratoire sur l'accroissement des capacités nucléaires", est-il écrit dans le projet socialiste. Lors du premier débat entre les candidats à la primaire, Hollande et Aubry s'étaient affrontés sur ce thème et le vainqueur du 16 octobre s'était montré moins ambitieux que son adversaire, assurant vouloir fairediminuer la part du nucléaire dans le mix énergétique français. Par ailleurs, le coût d'une sortie totale du nucléaire est sujet à caution. La somme de 750 milliards  a été avancée par le Figaro en extrapolant la facture prévue de l'expérience allemande. Toujours dans le Figaro, Bernard Bigot, patron du Commissariat à l'énergie atomique, estime qu'"aucun chiffre ne peut raisonnablement être avancé".

Recrutements d'enseignants : Luc Chatel pointe des imprécisions chez Hollande

 

Luc Chatel, ministre de l'éducation, a aussi répondu durant ce colloque à la proposition de François Hollande de recruter 60 000 enseignants. Pour lui, la mesure, qu'il chiffre a 18 milliards d'euros sur cinq ans, "est impossible" à mettre en œuvre : "Nous recrutons aujourd'hui 13 000 enseignants par an, il y a 40 000 diplômés de master inscrits au concours, nous en prenons 13 000 sur 40 000. Il veut mettre fin au ‘1 sur 2', ça veut dire qu'il ne va pas en recruter 13 000 mais 26 000. Ensuite il veut recruter 60 000 profs supplémentaires sur cinq ans. Donc il veut en recruter 40 000 par an, c'est à dire 100 % des candidats. C'est absurde".

Le raisonnement du ministre paraît complexe. Mais vérfication faite, il se tient. François Hollande a bel et bien promis : "La règle de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux sera purement et simplement abandonnée et nous allons recréer les postes qui ont été hélas supprimés."

Actuellement, les départs en retraite dans l'éducation nationale oscillent entre 29 286 en 2008, 24 535 en 2009 et 28 820 en 2010, selon un rapport sénatorial.

Revenir à un remplacement poste à poste amènerait donc à recruter autour de 25 000 enseignants chaque année. Auxquels il faudrait ajouter les 12 000 enseignants supplémentaires destinés à compenser les suppressions de poste. Au total, donc, il faudrait bel et bien recruter jusqu'à 42 000 enseignants chaque année, là où lesconcours actuels proposent, tous postes de professeur confondus, entre 9000 (2008 et 2009) et 13 000 postes (pour 2012).

En 2011, on comptait au total 18 000 candidats au concours de professeur des écoles, 21 000 candidats pour les concours du second degré... Environ 40 000 postulants au total, donc. Un chiffre qui n'est cependant pas celui des années précédentes. En 2010, 34 952 personnes avaient tenté le concours de professeur des écoles, et 38 249 ceux du second degré, soit 73201.

19 octobre 2011

L'opposition demande la démission de Bernard Squarcini

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Suite à la mise en examen du chef de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) Bernard Squarcini dans l'affaire des fadettes, l'opposition demande sa démission. Le gouvernement, lui, exclut son départ au nom de la présomption d'innocence.

Poursuivi pour "atteinte au secret des correspondances, collecte illicite de données et recel de violation du secret professionnel", M. Squarcini a reconnu les faits lors d'une audition, dont le contenu a été révélé, mardi, par Le Monde.

Après le candidat socialiste François Hollande, qui s'était "étonné" que le ministre de l'intérieur, Claude Guéant "n'ait pas déjà prononcé la démission" de Bernard Squarcini, c'est Eva Joly, qui a demandé la démission de ce proche de Nicolas Sarkozy.

"Je trouve absolument incroyable que le chef du contre-espionnage en France ait utilisé les moyens de l'Etat pour espionner un journaliste. C'est absolument énorme, a-t-elle dit sur France Info. Il est mis en examen par un magistrat indépendant et la conséquence directe doit être sa démission, on ne peut pas êtrepatron du contre-espionnage et être suspecté de violer la loi et aussi gravement".

"AU MOINS SUSPENDU"

Le président des députés PS, Jean-Marc Ayrault, a demandé mardi que Bernard Squarcini soit "au moins suspendu" et que "François Fillon prenne ses responsabilités", faisant une comparaison avec le cas de Michel Neyret"mis en examen est suspendu de ses fonctions par le même ministre de l'intérieur"."Pourquoi y aurait-il deux poids et deux mesures ?", s'est-il interrogé.

Pour Marine Le Pen, le maintien à son poste de Bernard Squarcini est "lourd de sens", car il démontre que le chef du renseignement "pourrait avoir agi sur ordre"du ministre de l'intérieur. "S'il y a un doute sur la probité personnelle d'un fonctionnaire qui aurait pu commettre de graves entorses à la légalité de sa propre initiative, il est du devoir de son ministre de le démettre immédiatement de ses fonctions, ne serait-ce que temporairement, pendant l'enquête", écrit la présidente du Front national.

GUÉANT DÉFEND SQUARCINI

Dès lundi soir, François Fillon a invoqué la présomption d'innocence et expliqué sur France 2 que le gouvernement attendrait la fin de la procédure pour se prononcer, ce qui exclut toute décision avant la présidentielle de 2012, car un procès ne pourra se tenir techniquement avant plusieurs années.

Le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, soutient également M. Squarcini, avec lequel il s'est affiché au salon Milipol, mardi matin. M. Guéant a également accusé François Hollande de bafouer la présomption d'innocence en inventant "un nouveau concept juridique, la condamnation sans jugement". "Il demande que l'on exécute quelqu'un avant même qu'il ne soit jugé, a-t-il lancé. Le Parti socialiste trouve que c'est un principe sacré que celui de la présomption d'innocence lorsque ce sont les siens qui sont concernés. Quand ce sont les autres, la présomption d'innocence ne vaut pas".

"La mise en examen de Bernard Squarcini n'est pas une présomption de culpabilité, c'est une étape de procédure", a insisté Claude Guéant, selon qui "la juge n'a accompagné cette mise en examen d'aucune obligation de contrôle judiciaire".

19 octobre 2011

Guyane : la loi de la jungle

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19 octobre 2011

"Le Squale", l'officier traitant de la Sarkozie

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Que tout le monde était gai, encore, à l'époque ! C'était en décembre 2010. L'histoire de l'examen des factures téléphoniques d'un journaliste du Monde enquêtant sur l'"affaire Woerth-Bettencourt"n'inquiétait pas encore sérieusement le pouvoir. Bernard Squarcini était invité au Palais de justice de Paris par l'Association de la presse judiciaire.

Ce soir-là, c'est avec un cadeau que la petite assemblée accueille le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), sa rosette de commandeur de l'ordre national du Mérite à la boutonnière : La Petite Fadette, roman de George Sand. "Pour Bernard Squarcini, cette toute petite fadette que nous a léguée un écrivain très subversif (…), et que vous auriez adoré écouter aussi. Avec les compliments de la presse judiciaire." Le "numéro un" du contre-espionnage français quitte la soirée aux anges, serrant sous sa veste de chasse huilée le précieux ouvrage.

Aujourd'hui, la photocopie de l'ironique mais au fond sympathique dédicace est versée au dossier préparé par l'avocat de Bernard Squarcini pour sa défense. "Puisqu'on dit que je suis le satyre des journalistes, on va voir…" Car plus personne ne rit, désormais. Ni le patron de la DCRI, mis en examen lundi 17 octobre par la juge d'instruction Sylvia Zimmermann. Il a confirmé qu'il a donné l'ordre d'éplucher le portable d'un journaliste et ses fameuses "fadettes" (les factures téléphoniques détaillées), comme l'enquête le démontrait. Ni le chef de l'Etat, qui redoutait tant la mise en examen de son ami "Bernard", devenu à 55 ans un personnage central de son dispositif présidentiel. Repéré par Claude Guéant, assez habile pour se montrer moins chiraquien que son patron aux Renseignements généraux (RG), Yves Bertrand, ce "Pasqua boy" dispose en effet, depuis l'arrestation d'Yvan Colonna, l'ennemi public numéro un, en 2003, de la confiance du président.

Longtemps, Bernard Squarcini est resté un inconnu. Il est un pilier de la Sarkozie, mais les journalistes politiques ne le croisent jamais. "Le Squale", c'est son surnom Place Beauvau, fréquente les "fait-diversiers", les rubricards police, les fondus de l'investigation, charmés par sa mémoire sans faille et sa gouaille un peu vintage, comme sortie d'un polar noir et blanc. "Attention ! Je n'échange rien avec la presse, je n'attends rien, je ne monnaye rien", s'emporte-t-il si on tente de comparer ses manières avec celles de son meilleur ennemi et ex-patron, Yves Bertrand.

Ni télé ni radio, personne ne connaissait – avant qu'il ne devienne préfet délégué à la sécurité de Marseille, en 2004 – ses accents corses de flic de terrain et son physique sympathique et rond. Ses rares entretiens à la presse écrite sont pour expliquer l'ampleur de la menace islamiste – les "barbus", comme il dit – et les méandres des nouvelles filières terroristes. Un terrorisme auquel le nouveau patron de la DCRI, née il y a trois ans de la fusion entre l'ex-Direction de la surveillance du territoire (DST) et les RG, consacre – avec un indéniable succès – "98 % de [son] temps". Las ! Ce sont les 2% restants qui font sortir de l'anonymat le patron du renseignement français. Et il faut bien convenir que chaque fois qu'il prend la lumière, ce n'est pas à son avantage.

"Je ne surveille pas les coups de fil des journalistes, je m'intéresse à ceux qui, au sein des cabinets ministériels, mettent en péril l'Etat en cherchant à le déstabiliser." C'est ainsi que Bernard Squarcini répond à ceux qui se demandent comment il a pu donner l'ordre d'éplucher les factures téléphoniques d'un reporter. Quel péril ? Quel Etat ? Dans le viseur de Bernard Squarcini, on trouve, à l'été 2010, la ministre de la justice, Michèle Alliot-Marie, alors soupçonnée par l'entourage du président de la République de vouloir prendre Matignon à son collègue de Bercy, Eric Woerth, qui en rêvait. Mais aussi celui qu'il tient pour son "exécutant", le conseiller David Sénat, un garçon venu de la droite ultraconservatrice qui ornait son bureau d'un portrait de Jean Paul II.

Derrière lui, décrypte, mystérieux, Bernard Squarcini, se cache une galaxie venue de la droite militante et qu'il soupçonne de chercher à déstabiliser le régime: ainsi les chercheurs spécialistes du renseignement, comme le criminologue Xavier Raufer ou Jean-François Gayraud, ex-commissaire divisionnaire à la DST, avec lequel David Sénat, "vous me suivez", a cosigné des livres sur les mafias,"justement", insinue-t-il… Pas question d'évoquer de banales querelles politiques entre membres de gouvernement. Dans sa guerre contre l'ennemi de l'intérieur, l'as du renseignement emprunte mille détours et est parfois difficile à suivre.

19 octobre 2011

Squarcini et la Corse

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Le 4 juillet 2003. Yvan Colonna est arrêté près de Porto-Pollo, dans le sud de la Corse. Bernard Squarcini a débarqué sur l'île une semaine plus tôt. Alors que celui qui n'est encore que le "numéro deux" des Renseignements généraux (RG) pose le pied sur le port de Propriano – son remuant setter ne voyage pas en avion –, son téléphone sonne. "Ça bouge !" lâche Jean-Louis Fiamenghi, le patron du RAID."OK, répond "Squarce", je vais poser les valoches."

A la base navale d'Aspretto, il identifie le fugitif sur une photo prise au téléobjectif. Puis… regagne tranquillement son village de la plaine ajaccienne. En planque près de la bergerie où Yvan Colonna a trouvé refuge, Jean-Louis Fiamenghi et François Casanova, le policier qui a trouvé la trace de l'homme en cavale, veillent. Deux Corses à lui sur le terrain, c'est assez pour Bernard Squarcini.

 

Dans le dispositif plutôt secret qui est le sien, le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) a donné à la Corse une place bien particulière. Pas un hasard si, le matin, à Levallois (Hauts-de-Seine), au siège de la DCRI, il entame sa lecture de la presse par les pages nécrologiques de Corse-Matin.

L'île est à la fois, pour cet homme solitaire, un vivier de limiers, son laboratoire, et… son écrin. C'est là que le patron du contre-espionnage français "fait briller", comme disent les policiers : sur la terrasse d'un hôtel de Porto-Vecchio ou les pieds dans le sable de la plage d'Argent, là où le préfet Bernard Bonnet avait donné l'ordre debrûler une paillote, il reçoit, hors saison et hors week-end, la crème de ses homologues du renseignement européen et maghrébin.

Bernard Squarcini aime emmener ses huiles policières visiter l'île, sous haute surveillance mais en toute discrétion. Peut-être y voit-il aussi l'occasion de passerun message : quoique corse lui-même, et à un poste particulièrement exposé, il est"chez lui" partout, sans crainte.

"CHIEN DE CHASSE"

"Vous avez un nom en “i”, ça plaira à Pasqua", avait lancé Yves Bertrand à Bernard Squarcini, en 1994, pour le convaincre de devenir son second aux RG. Le patron du renseignement français a ceci de commun avec "Charles", son compatriote passé Place Beauvau, d'aimer s'entourer d'insulaires. "Les Corses, ils sont solides, ils ont fait l'administration coloniale", explique Bernard Squarcini, né en 1955 à Rabat, où son père travaillait pour la police chérifienne, puis élevé près du commissariat de Constantine jusqu'à l'indépendance de l'Algérie, en 1962.

Eternel clanisme ? "Les Corses sont fidèles", élude celui qui, partie civile au procès Clearstream, parce que son nom figurait sur le faux listing aux côtés de la chanteuse ajaccienne Alizée ou de Laetitia Casta, évoqua à la barre un "racisme anticorse" au sommet de l'Etat. Soupir. "Et puis, que voulez-vous ? Les “Corsicos”, ils vous ramènent des truffes."

Son "meilleur chien de chasse", c'était François Casanova, spécialiste de l'infiltration dans les milieux islamistes des banlieues et grand "secoueur" d'indics insulaires, comme on dit dans la police, et aujourd'hui décédé. "Un bosseur fou, corvéable à merci, le roi de la magouille, raconte un intime du défunt. Il parlait corse comme une châtaigneraie et roulait tous les chefs nationalistes dans la farine." Si Bernard Squarcini va se recueillir chaque année sur sa tombe, en Corse-du-Sud, c'est qu'il sait ce qu'il lui doit.

D'autres compatriotes, venus des RG, parfois à la retraite, restent prêts à lui rendretous les services. Ainsi Didier Vallée, à Ajaccio. Cet ex-brigadier des RG est devenu l'une des têtes de pont de Veolia à la SNCM, cette société de transport maritime qui a fait entrer le géant de l'eau dans son capital, avec la bénédiction de "Squarce". Décoré par ce dernier de l'ordre national du Mérite en 2007, le policier est extrêmement présent – "pour de l'humanitaire", assure-t-il – en Afrique de l'Ouest, dans le sillage des casinotiers.

Les protégés du "boss" n'ont pas toujours bonne presse. Ainsi de Christian Orsatelli, analyste à la DCRI et spécialiste du "séparatisme corse" à Paris, mais très mal vu au commissariat de Bastia. On s'y est agacé de voir ce collègue parisien se mêler de tout.

Autre fidèle de Bernard Squarcini en difficulté, Eric Battesti. Le patron de la DCRI tient cet ancien directeur régional des RG en Corse pour l'un des meilleurs connaisseurs du milieu nationaliste et du grand banditisme. Las ! A la suite d'obscures embrouilles entre deux bandes ajacciennes qui s'affrontent mortellement depuis quatre ans, ce fidèle accusé de propager de fausses rumeurs (des "poussettes", comme on dit dans le jargon policier) a dû être "exfiltré" à Londres. Mais, à l'ambassade de France, Eric Battesti sert encore le "patron" : il coordonne la lutte antiterroriste avec les autorités britanniques.

19 octobre 2011

Vidéo sur le du 17 octobre 1961

18 octobre 2011

Attentat de Karachi : Guéant tente de relancer la piste islamiste...

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Le ministre de l'Intérieur a relancé dimanche 9 octobre la piste islamiste pour l'attentat de Karachi en 2002, bien que la justice penche dorénavant pour une attaque perpétrée en représailles au blocage par la France de commissions sur un contrat d'armement avec le Pakistan.

"Pour le ministère de l'Intérieur, la piste privilégiée a toujours été la piste islamiste", a déclaré Claude Guéant au Forum Radio J, qui l'interrogeait sur les causes de l'attentat du 8 mai 2002 à Karachi (sud du Pakistan) dans lequel 15 personnes avaient trouvé la mort, dont 11 Français de la Direction des constructions navales (DCN).

Entre 2002 et 2007, l'enquête conduite par l'ex-juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière était axée sur l'hypothèse d'une attaque-suicide commise dans la mégapole économique du Pakistan par des islamistes liés à Al-Qaïda.

"Aucun élément"

En 2007, le dossier Karachi est confié au juge antiterroriste Marc Trévidic.

Le magistrat réoriente alors son travail vers la thèse d'un attentat perpétré en représailles à l'arrêt du versement par Paris de commissions sur le contrat de vente de sous-marins Agosta à Islamabad en 1994.

Dans le volet financier de ce dossier Karachi, les juges d'instruction Renaud van Ruymbeke et Roger Le Loire cherchent à savoir depuis novembre 2010 si des commissions versées dans le cadre du contrat Agosta - et du contrat de frégates Sawari II avec l'Arabie saoudite - ont pu donner lieu à des rétrocommissions illégales qui auraient financé la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995.

18 octobre 2011

Sarkozy mis en cause

Ce n'est qu'une phrase dans un livre, mais elle fait l'effet d'une bombe. Parce que son auteure est une magistrate au sommet de l'institution judiciaire, la juge Isabelle Prévost-Deprez, dessaisie del'affaire Bettencourt. Et parce qu'elle accuse directement Nicolas Sarkozy d'avoir reçu des espèces chez Lilane Bettencourt avant son élection en 2007, dans un livre publié ce mercredi par deux journalistes. «Boule puante», rétorque l'Elysée, dans une enquête que consacre «Libération» au témoignage de la magistrate.

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